Pour être efficace, la fonction achat doit être complétée
par un système d’approvisionnement rigoureux. Ce système comporte plusieurs
sous-systèmes qui sont :
-
Le calcul des besoins et la planification des
approvisionnements,
-
Si l’on conserve le principe de l’approvisionnement
traditionnel sur stock, la définition et la mise en place de systèmes de
gestion de stocks qui soient optimisés économiquement,
-
La définition de stocks de sécurité offrant (parallèlement
à la définition du nombre de sources d’approvisionnement) la protection contre
les risques,
-
La mise en place d’un système logistique reliant
l’entreprise à ses fournisseurs.
Les trois premiers points constituent une approche
traditionnelle et sont traités dans les articles suivants. En revanche, c’est
dans le domaine logistique que les progrès les plus importants ont été
enregistrés ces dernières années. Cet article a pour objet d’en faire le point
et de présenter en particulier les éléments constitutifs des approches Juste-à-Temps
aux approvisionnements.
Le Concept de Juste-à-Temps |
Concept de juste-à Temps :
L’organisation industrielle reste encore profondément marqué
par un modèle qui date début du siècle (organisation scientifique du travail,
gestion centralisée des stocks, contrôle statistique de la qualité confié à des
spécialistes, etc). Il a fallu attendre les années 1980 pour qu’elles soient
obligées d’admettre que la diminution de leur compétitivité était due à un
plafonnement de la productivité et à une diminution de la qualité et de la
flexibilité.
Dans le contexte actuel, le client final exige un détail
court et une qualité sans reproche pour un prix bas. Les occidentaux se sont
ainsi intéressés aux performances d’un modèle nouveau prôné par l’industrie
japonaise : le juste-à-temps.
L’expression « juste-à-temps » (plus loin
qualifiée JAT) signifie que le fournisseur produit et livre la quantité strictement
nécessaire pour satisfaire au bon moment les besoins exprimés de son client en
quantité et qualité. Appliqué de proche en proche à l’ensemble du système
logistique, ce système entraîne un fonctionnement pratiquement sans stocks, à l’exception
des pièces en-cours de production ou de transport.
L’originalité du principe considérer que les stocks sont des
anti-flux, à tout organiser pour assurer la continuité des flux industriels ou
d’approvisionnement et à faire circuler le flux comme si l’ensemble du système
de production constituait une chaîne alors que physiquement les différents
stades restent indépendants.
Cette approche a pour objectif essentiel l’obtention de
délais courts, offrant une plus grande flexibilité tout en améliorant la
productivité. Plus qu’un corps de techniques, il s’agit d’une véritable
philosophie, d’une variable stratégique pour l’entreprise qui doit être
déclinée sous deux angles (sans suggérer de hiérarchie entre les deux).
-
Le JAT est d’abord une démarche d’amélioration visant à rechercher les
dysfonctionnements pour les supprimer
progressivement. De ce point de vue, il est typique d’un processus d’amélioration
de type Kaizen tel que préconisé dans les
approches de qualité totale.
-
Le JAT est aussi une approche de tension des flux, visant
prioritairement la suppression des stocks et la diminution des délais de
réponse par la mise en œuvre de techniques connues et maîtrisées.
Les deux approches se rejoignent dans la réalité
opérationnelle mais elles diffèrent dans l’esprit et les priorités.
Le cycle de production et approvisionnement :
Le cycle de production est une caractéristique fondamentale
de tout système logistique industriel. C’est le délai qui sépare l’entrée des
matières et composants de leur expédition sous forme de produits finis. En amont,
au niveau des approvisionnements, il représente le délai entre l’émission du
besoin et la mise à disposition des produits aux utilisateurs.
Il se compose essentiellement deux types de délais :
1 -
Les temps technologique, pendant lesquels le
produit est en cours de transformation (temps opératoires) ;
2 -
Les temps de transport, de manutention et d’attente.
La comparaison entre la somme des temps techniques et le
cycle va ainsi fournir un indicateur de la fluidité des produits dans l’atelier
ou le système d’approvisionnement.
Or le seul temps utile est celui pendant lequel le produit
voit sa valeur ajoutée s’accroître. Tout le reste (transport, manutentions,
stockages, opérations de tri, contrôles divers, réparations, etc) n’engendre
que du temps perdu et du gaspillage, et doit être pourchassé par tout moyen.
Facteurs explicatifs du cycle d’obtention :
La structure du cycle d’obtention (qu’il s’agisse de
production ou d’approvisionnement externe) est significative. Il faut en
rechercher les causses et mettre en place un plan d’accélération des flux de l’entreprise.
1- Travail par lot importants :
Jusqu’à présent, les entreprises avaient tendance, en approvisionnement,
à constituer des stocks importants, sous les prétextes intangibles de coûts
fixes de commande élevés, et des calculs de quantités économiques.
En atelier, les pratiques étaient similaires compte tenu de
coûts élevés de lancement et de réglage des machines. En effet, le passage d’un
produit à un autre engendre de multiples tâches : changement d’outils,
réglage de machines, contrôle des premières pièces, matière perdue, etc…
Dès lors, on a tout intérêt à amortir ces temps fixes sur
une série longue et à produire d’avance, en une seule fois, toute une partie du
programme. De même, le recours à des moyens de production fonctionnant de
manière discontinue conduit également à la constitution de lots (fours, moyens
de transport et de manutention).
La généralisation de cette approche aboutit ainsi à une
multitude de stocks à chaque niveau d’un processus, à des temps d’attente de
pièces entre deux entités autonomes, et donc à un ralentissement structurel du
flux hors et dans l’entreprise.
2- Protection contre les dysfonctionnements
aléatoires :
Le stock a longtemps été considéré comme l’unique (et
facile) réponse au problème de protection contre les risques de
dysfonctionnements. Au nombre de ces aléas, on trouve classiquement :
a- Rupture d’approvisionnement :
L’absence de certains composants aux postes de montage
engendre l’accumulation des pièces déjà livrées, mais en attente de
consommation jusqu’au dépannage.
b- Pannes des machines :
Pour éviter qu’une panne sur une machine ne bloque le
processus an aval, on a tendance à constituer des stocks à tous les stades.
c- Incertitude sur la demande commerciale :
Le cycle de production de la majorité des produits est plus
long que le délai de livraison exigé par le client final. Ne pouvant attendre d’avoir
la commande pour engager la totalité de la fabrication, l’entreprise doit
anticiper la demande en constituant des stocks.
d- Produits défectueux :
Le plus souvent, on estime normal un taux de défectueux dans
le système de production. De ce fait, en plus des coûts de non-qualité ainsi
générés, les reprises ou réparations induites consomment une part du potentiel
de production et retardent l’obtention des produits correspondants. En conséquence,
pour éviter ces effets, on est de nouveau amené à stocker un certain volume de
produits.
3- Système de planification des flux :
L’incertitude sur les délais de réalisation augmente avec la
complexité su système logistique, c’est-à-dire lorsque les flux de produits se
partagent les mêmes ressources. De ce fait, le planificateur a souvent tendance
à engager la production plus tôt qu’il n’est nécessaire, donc à constituer des
stocks d’en cours.
Par ailleurs, on l’a vu, les stocks remplissent aussi un
rôle de protection et de régulation. Ils rassurent
chacun à tous les stades du processus.
Le juste-à-temps propose une approche totalement différente,
consistant non plus à définir le niveau de protection adéquat mais au contraire
à aller vers les causes et à engager une »chasse au aléas » pesant sur l’écoulement du flux.
La démarche JAT, en amont de l’entreprise, doit se situer à
deux niveaux :
-
Un plan d’action précis permettant de procéder
aux audits logistiques des fournisseurs. Ce point suppose de bien définir les
lignes directrices d’un système JAT interne relatif à une unité de fabrication.
A l’évidence, cet outil doit servir pour les fournisseurs avec lesquels l’entreprise
souhaite développer des relations partenariats.
-
Les choix en matière logistique à l’interface
avec les fournisseurs, ainsi que les systèmes d’informations associés.
Voir aussi : Les systèmes Juste à Temps industriels
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