Le juste à temps oblige toute entreprise à remettre en cause
l’ensemble de son système industriel : choix des investissements,
organisation et implantation des ateliers, maîtrise de la fiabilité et de la
qualité, gestion des hommes, etc….
Nous aborderons les modules principaux d’un plan d’action
JAT selon un ordre chronologique classique des applications rencontrées.
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Les systèmes Juste à Temps industriels |
Minimisation des séries de fabrication :
Passer en JAT oblige à réduire la taille des lancements en
fabrication et, pour ce faire, à diminuer les temps de changements de série.
Cet objectif est prioritaire car produire la demande aval
exprimée en plus petites quantités conduit à lancer plus souvent en
fabrication. La diminution de la taille des lots passe par une action sur les
modes opératoires et les équipements visant à réduire l’ensemble des coûts liés
aux changements de série (immobilisation des machines et du personnel,
non-qualité, travaux administratifs, etc…)
Il est à noter que les technologies de production vont aussi
dans ce sens : centres d’usinage, ateliers flexibles, machines à commande
numérique équipées de dispositifs de réglage automatique, robots, sont autant
d’exemples de technologies flexibles.
Pour ce faire, on préconise une démarche appelée la méthode SMED (single Minute Exchange Die). Mise
au point à l’origine sur le cas des changements d’outils de presse dans
l’industrie automobile japonaise, cette technologie a un intérêt beaucoup plus
général.
Reposant sur l’analyse des tâches de changements d’outils,
elle se décompose en quatre étapes principales.
1- Observation des processus :
Elle consiste à analyser à l’aide d’une caméra vidéo, ou
d’une feuille de relevés des tâches et d’un chronomètre, les différentes
opérations qui constituent le réglage des machines. Certaines d’entre-elles
apparaissent à l’évidence totalement inutiles (documents faisant double emploi,
déplacements des opérateurs injustifiés, attentes divers) et peuvent être
rapidement supprimées.
2- Séparation des tâches
« internes » et « externe » :
Certaines opérations ne nécessitent pas l’arrêt de la
machine pour leur réalisation : elles sont dites externes ou en temps
masqué. A l’opposé, les autres appelées internes ne peuvent s’effectuer que si
l’équipement est arrêté.
L’objectif est de s’attaquer à ces dernières pour les
transformer en externes ou réduire leurs durées.
3- Transformation de tâches
« interne » en « externes » :
L’analyse de ces premières montre qu’une partie pourrait
très bien s’accomplir en externe, sans investissement, avec simplement un peu
de « bon sens », comme la recherche de documents, d’outillage ou de
moyens de manutention.
Les tâches internes restantes demandent plus d’effort et d’investissement
pour leur transformation. Elles peuvent nécessiter l’achat de moyens de manutentions
ou d’outillage supplémentaires.
4- Diminution de la durée des tâches internes :
Il subsiste toujours des opérations internes qu’on ne peut
transformer. La seule voie d’amélioration consiste à diminuer leurs durées ou à
essayer de les supprimer totalement.
Pour ce faire, on recherche le plus souvent la standardisation
des outillages et des moyens de manutentions. On veille également à préparer au
maximum le travail des régleurs en établissant la liste des outils nécessaires
à chaque réglage et en définissant les gammes opératoires correspondantes.
Réimplantation des structures :
La seconde action consiste à simplifier les flux physiques
autant que possible par la mise en ligne des machines et équipements.
Cela nécessite d’une part un niveau de flux en quantité suffisant
par familles d’articles affectés à chaque ligne pour que l’opération soit rentable
et réaliste. D’autre part, cette solution implique un équilibrage des cadences
de fabrication des différentes machines.
Cette affectation des machines s’effectue d’autant plus
facilement qu’on dispose de machines peu coûteuses et à cadence lente. Choisir des
machines rapides incite à les organiser en centres spécialisés, ce qui va à l’encontre
d’une mise en ligne. Dans tous les cas, la priorité est donnée à l’équilibrage
plutôt qu’à la performance intrinsèque du matériel.
De plus, sur le plan humain, cette solution technique doit
être accompagnée de la mobilité du personnel et du développement de la
polyvalence. Chaque opérateur doit pouvoir réaliser un nombre variable d’opération
sur plusieurs machines.
En généralisant, la polyvalence élevée permet de passer à l’étape
ultime de cellules flexibles où l’on substitue à la ligne multiposte le
principe d’opérateurs qui prennent en charge la réalisation de tout ou partie d’un
produit en se déplaçant d’une machine à l’autre.
Fiabilisation des équipements :
La maintenance de l’outil de production devient de ce fait
un des objectifs prioritaires de l’entreprise. Parmi les principales actions à
mener, on peut citer principalement la maintenance préventive, les cercles de
progrès, la maintenance assistée par ordinateur, l’amélioration du rendement de
l’installation et les actions de réduction des durées d’intervention.
La maintenance préventive s’appuie sur la collecte et l’analyse
statistique des pannes d’une machine ou de ses principaux organes. Ces données
sont traitées afin d’obtenir des valeurs moyennes de durées de vie des pièces,
des temps moyens de fonctionnement entre deux pannes (appelées MTBF ou Mean
Time Between Failures), ou d’établir des corrélations entre la probabilité d’arrêt
et d’évolution d’une variable de fonctionnement (température, vibrations, etc…)
On peut alors pratiquer la maintenance préventive
systématique et changer automatiquement la pièce selon une fréquence
prédéterminée.
Pour des organes plus coûteux, on préfère utiliser la
maintenance préventive conditionnelle, c’est-à-dire intervenir uniquement
lorsque l’état d’usure de la pièce l’impose. Cette constatation doit résulter
de visites systématiques effectuées régulièrement, ou d’un suivi permanent par
des capteurs de l’évolution des variables de fonctionnement. On peut ainsi
prévoir la période à laquelle la panne risque d’arriver et intervenir à l’avance.
Amélioration de la qualité et la fiabilité :
La rapidité de circulation du flux est la condition
déterminante de l’approche juste à temps. Cette condition elle-même ne peut être
satisfaite que si le processus de production est parfaitement fiable.
Chaque fournisseur ou stade du processus interne doit
pouvoir garantir la qualité de la livraison à la date requise. Cela suppose des
produits sans défauts et un système de planification particulièrement fiable.
Pour atteindre cet objectif, comme on l’a vu, il faut
développer dans toute l’entreprise une nouvelle perception de la qualité et
aller à l’encontre des concepts traditionnels.
La qualité ne s’obtient pas en effectuant des contrôles
statistiques a posteriori. L’augmentation du nombre de ces contrôles ne diminue
pas le nombre des défauts produits mais élimine seulement les pièces
défectueuses. L’importance du coût de non-qualité doit inciter à chasser les
défauts dès leur apparition dans le processus.
La qualité devient ainsi l’affaire de tous : chaque
opérateur à son poste de travail doit prendre conscience de sa responsabilité
vis-à-vis de la qualité de ce qu’il fournit à son client interne.
Les cercles de qualité, les groupes d’action qualité, de
développement de l’auto-contrôle, ainsi que la mise en œuvre d’un ensemble de
solutions techniques (mise en place du statistical process control,
détrompeurs, etc) doivent permettre à l’entreprise d’atteindre le niveau de la
qualité totale (proche du zéro défaut).
Tous ces aspects doivent constituer les éléments d’un audit
qualité et logistique des fournisseurs. Si les achats ne comportent pas les
compétences requises en leur sein, ils doivent s’associer les services des
qualiticiens et logisticiens de l’entreprise. Cela étant, cette analyse est
impérative et partie intégrante de la fabrication aujourd’hui.
Voir aussi : Le Concept de Juste-à-Temps
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