Le
concept de partenariat est une évolution récente des relations
clients-fournisseurs qui répond à la recherche conjoint de compétitivité dans
un contexte économique qui charge.
1- Approche classique :
Traditionnellement,
l’approche des fournisseurs par un acheteur est celle d’un rapport de force. Le
bon achat consiste à mettre en concurrence plusieurs fournisseurs pour
sélectionner celui qui apparaît le meilleur selon des critères prédéterminés.
Ainsi la relation s’inscrit d’emblée sur un plan « dominant-dominé » l’autre. C’est d’ailleurs un des principes de
base qui régissent l’entraînement à la négociation.
Cette
démarche correspond parfaitement aux approches de stratégie industrielle qui prévalaient depuis l’après
guerre jusqu’aux années 1980.
-
Priorité absolue aux prix de marché, donc aux coûts, donc en
particulier aux prix d’achat,
-
Moindre importance des autres facteurs,
-
Certitude que l’entreprise acheteuse est par définition la
plus experte techniquement sur tous les éléments constitutifs de ses
produits : elle ne recherche pas un savoir-faire, mais un produit (le
moins cher).
2- Définition du
partenariat :
Cette
approche nouvelle inverse pratiquement la démarche, de la façon suivante :
-
Le prix n’est plus le critère décisif, mais plutôt le coût
total d’acquisition, incluant l’ensemble des coûts induits par
l’approvisionnement et ceux des dysfonctionnements.
-
La compétence technique est très souvent partagée aux
différents stades d’une filière technologique.
-
Vis-à -vis du ciel final, la maîtrise de la qualité et des
services associés implique directement l’ensemble des partenaires de la filière
industrielle et non plus seulement le fournisseur le plus en aval,
-
Les délais de réaction exigés (durée de vie des produits en baisse, conception fréquente
des produits), et l’évolution de la technologie imposent de fait une
collaboration par la recherche des savoir-faire spécialisés.
Ainsi
il devient souvent obligatoire (sur certains segments d’achats sinon pour la totalité
des produits achetés) d’établir avec certains fournisseurs une relation, qui
n’est plus par nature conflictuelle, mais de collaboration : on l’appelle
partenariat. Il s’agit d’une coopération durable entre client et fournisseur
pour maximiser en équité le profit et la compétitivité vis-à -vis du client final.
Les notions de base sont la confiance, la vérité, la synergie et les relations
de long-terme.
3- Composantes du
partenariat :
La
bibliographie fournit nombre de références pour le lecteur souhaitant
approfondir le concept et son contenu technique. Ainsi nous limiterons ici aux
grandes lignes des éléments constitutifs. Hormis l’état d’esprit et la
philosophe qui sont essentiels, le partenariat va généralement se matérialiser
par les points principaux suivants (non hiérarchisés).
·
Cadre contractuel :
Le
premier porte sur l’existence d’accords cadre qui garantissent aux deux
partenaires le suivi des relations à terme, l’intérêt qu’ils ont tous deux Ã
mettre en commun leurs moyens de recherche et de développement en vue de faire
évoluer les produits et leurs technologies. Ces accords peuvent être
matérialisés sous forme de contrats formels, mais nous connaissons des formules
partenariales qui fonctionnent sur la base d’un simple contrat moral non écrit.
Ainsi,
le partenariat s’inscrit dans la durée et un système d’évaluation des
fournisseurs ne sert alors qu’Ã s’assurer qu’il n’y a pas de
« dérapage » et que les performances restent stables, ou plutôt
s’améliorent dans le cadre des engagements contractuels et selon des plans
d’action définis conjointement.
·
Maîtrise et assurance conjointe de la qualité
La
seconde caractéristique est la mise en œuvre de rapport différents sur le plan
de la maîtrise de la qualité et, souvent, la mise en place d’un système d’assurance
qualité (incluant un processus d’homologation produit et de qualification
fournisseurs).
L’idée
maîtrise devient alors de tout axer sur la prévention des risques dans
l’intérêt des deux parties. Ceci se traduit chez le(s) fournisseur(s) par la mise en place de
contrôle de processus et de choix de procédés orientés vers l’obtention du
zéro-défaut ».
Dans
cette optique, les fournisseurs maintiennent en permanence ouvertes les portes
de leurs ateliers et de leurs magasins aux techniciens du client. Ils acceptent
la mise en Å“uvre d’audits qualité (faisant l’objet dans certains secteurs comme
l’automobile de procédures lourdes formalisées). Ceux-ci font part de leurs
problèmes éventuels sans délai pour que les solutions puissent être trouvées
conjointement.
En
général, dans ce type de relations, les donneurs d’ordres doivent veiller
évidemment à ce que leurs fournisseurs puissent financer les investissement et
changements d’organisation induits.
·
Sous-traitance technique :
Le partenariat
est très souvent justifié par la recherche d’un savoir-faire spécifique. Les donneurs
d’ordres ne peuvent maîtriser conjointement toutes les technologies : ils
font souvent un retour vers leur(s) métier(s) de base, se focalisent donc sur
une technologie qu’ils maîtrisent mieux et tendent ainsi à confier à leurs
fournisseurs la conception et la
réalisation complète de leur produit (système d’éclairage complet d’une
véhicule plutôt que tous les composants séparé. Réservoir d’essence complet
avec jauge électrique, etc).
De plus,
sur la plupart des marchés industriels ou de grande consommation, les délais
des processus de conception et de développement doivent être grandement
raccourcis, conjointement à la nécessité d’un haut niveau d’innovation. Pourquoi
alors de ne pas proposer aux fournisseurs de lancer des recherches selon les
besoin des clients en collaboration avec leurs bureaux d’études ?
Il reste
néanmoins à résoudre le problème de la protection juridique d’une innovation
et, par ailleurs, celui de la responsabilité
juridique vis-Ã -vis du client final. En effet, le droit actuel de la
sous-traitance n’est pas encore adapté tout à fait à cette évolution vers une
sous-traitance où la responsabilité de deux entreprises se trouve de fait
conjointement engagée vis-à -vis du client final.
·
Approvisionnement en juste-Ã -temps :
Le plus
souvent initiés par les donneurs d’ordres, dans certains secteurs de pointe
particulièrement orientés vers la recherche de productivité de toute la filière
et la flexibilité (automobile par exemple), les systèmes d’approvisionnement en
juste-Ã -temps, s’appuyant ou non sur des
système kanban ou dé variés, tendent à se généraliser. Ce développement se fonde
sur l’intérêt commun de « faire la chasse » aux stocks à tous les
niveaux et plus généralement à tous les dysfonctionnements, d’améliorer la
flexibilité, la productivité et le service au client final.
Beaucoup
d’acheteurs pensent que ces aspects logistiques ne concernent pas l’achat. Nous
nous inscrivons totalement en faux. Si effectivement la gestion opérationnelle « quotidienne »
doit être sous la responsabilité des approvisionnements et responsables logistiques, il est
absolument essentiel que l’organisation et les objectifs juste-Ã -temps aient
été dans le contrat d’achat. De ce fait, l’acheteur, maîtrise d’Å“uvre de la
négociation pour l’ensemble de la prestation du fournisseur, doit intégrer cette
dimension dans son approche.
Toutefois,
en matière, le plus souvent les services achats n’y sont pas préparés. En effet,
un certain nombre de facteurs sont nécessaires pour assurer le succès de cette
technique :
-
Des facteurs humains, concernant l’implication nécessaire du
management dans le pilotage de telle opération et la qualification nécessaire
de l’ensemble des personnels d’achat et d’approvisionnement,
-
Des facteurs opérationnels, concernant le sélection des
fournisseurs à même de s’impliquer dans l’opération, capables de changer les
fréquences de leurs livraisons, de travailler par lots de petite taille et d’assurer
une qualité parfaite.
Cela
implique le plus souvent de commencer le processus avec seulement quelques
fournisseurs. De plus cela se traduira
fréquemment par une réduction significative du nombre de fournisseurs.
·
Transparence des informations :
Une
caractéristique essentielle est la transparence des informations dans les deux
sens. Le fournisseur doit accepter de faire connaître ses coûts, ainsi d’ailleurs
que le donneur d’ordres, dans le but de rechercher des améliorations tout au
long de la chaîne de valeur ajoutée. Par exemple dans des démarches conjointes
d’analyse de valeur.
La contrepartie,
dans un vrai partenariat, est que l’acheteur peut alors accepter des prix plus élevés
que ceux qu’il obtiendrait ailleurs dans une perspective de court-terme. Dans le but par exemple de participer au
financement d’investissement spécifique.
Par
ailleurs, à terme, l’objectif visé au départ (l’amélioration de la
compétitivité) est atteint, et, dans ce cas, il y a souvent « partage »
du gain de marge de la filière, ainsi constituée, entre ses membres.
L’autre
type d’information à destination du fournisseur peut être les données marketing
et exigence qualité émises par le client final, de façon à ce que tous s’ajustent
à cette seule exigence fondamentale.
·
Nouvelles relations opérationnelles :
Hormis
l’esprit même de collaboration déjà vu, il s’agit ici de la nécessité de mettre
en place des relations horizontales entre services correspondants des deux
partenaires.
L’acheteur
joue alors le rôle d’animateur qui coordonne, mais, sur un plan opérationnel,
on privilégie les relations directes pour gagner en délai de réponse. Dans les
partenariats du secteur automobiles, ceci se traduit dans le fonctionnement du
juste-Ã -temps par des contacts directs entre responsables de lignes de
fabrication pour la recherche de solution à des problèmes de qualité par
exemple. Le service qualité sera ensuite informé des difficultés et des
solutions de court-terme adoptées afin de mémoriser l’expérience.
On a
compris que, dans ce mode de fonctionnement, tout intervenant de l’entreprise
acheteuse dans le processus la représente en amont, et qu’il convient que l’esprit
partenariat soit partagé par tous : il y a donc un travail important
préalable de conviction et de formation interne.
voir aussi : Politique fournisseurs et partenariat -partie 2-
Politique fournisseurs et partenariat -partie 3-
0 Commentaires